"Le sexe c'est exquis"
Ne lisez pas sans avoir répété ce titre dix fois à haute voix.
C'est fait? Bien.
Les mots n'ont pas plu sur ces pages, car le feu brûlait derrière le silence. Le feu de la passion, dévorante, et des sentiments brûlants. Que c'est pétrarquisant tout ça! Bientôt vous me parlerez de mes yeux et des glaciers, des désirs et des roses, et tout ira à vau-l'eau. Là vous me citerez Huysmans, et je vous dirai que non, ce n'est plus possible que vous interveniez comme ça au milieu de mon récit, même si vous êtes nostalgiques de ce bon vieux Diderot.
Bien, maintenant que nous sommes entre littéraires doués d'une diction infaillible, je peux tout vous dire. Enfin rapidement, hein, parce qu'à l'heure où j'écris, je rêve déjà de déchirer mes vêtements pour enfiler ma tenue d'Eve. (J'ai failli dire "d'Adam", mais c'est Adam qui risque de m'enfiler plus que je ne suis susceptible de le faire avec sa belle carcasse.)
Qu'ai-je à écrire? Oh, quelques lignes pour défouler mes doigts, sans trop en dire, ni vous faire croire à tout. Les femmes sont belles, certes, mais le véritable attrait chez elles, c'est leur comportement masculin, dominateur. J'ai trouvé le paradoxe qui fondait ma bisexualité. Je veux un homme déguisé en femme, ou un homme qui soit belle.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point il est jouissif de commettre des erreurs volontaires et libertines, affranchies de toute règlementation et obéissant aux caprices de la nécessité, comme ultime réponse à tout ce magma de monstres orthographiques qui voile mes yeux de clartés sanguinaires!
Bref, j'ai trouvé une formule idéale, alchimique, où les corps se décomposent sur l'autel satiné de draps et de peaux, où les femmes se font hommes et les hommes restent hommes, jusqu'au moment où ils se métamorphosent en femmes lubriques. Toute l'harmonie du changement impromptu, réglé par les pulsions et les fluides corporels qui s'échappent, s'infiltrent et transfigurent les êtres.